lundi 17 août 2009

Toulon, Vanuatu, 2001

L'ARCHITECTE

Ce texte, hélas, je ne l'ai pas vu jouer. C'est encore un cadeau, à un autre ami. Rencontré au Vanuatu celui - là. Il est l'objet d'une admiration certaine de ma part. Père de cinq enfants, architecte de formation, il profite du contrat de sa femme pour être libre et donner son temps par générosité aux Ni - Vats. Du coup, il en sait bien plus sur eux que des blancs habitant là bien avant l'indépendance des Nouvelles Hébrides ( 1981 ). C'est cette générosité et le fait qu'il est découvert, le court temps de mon passage la merveille qu'est la scène qui m'a fait écrire cet architecte.
J'y ai mis dedans tout ce que j'admire de lui et ai tenté de lui permettre de dire ce que sa discrétion et sa modestie formidables lui empêchent de dire dans le quotidien.










Sur la scène, un jeu de lego. Les pièces ne sont pas encastrées.
L'architecte entre, prend une pièce rouge, se lève, la regarde attentivement sous tous les angles, va la reposer, sort.

Voix off de l'architecte : - Construire !… Construire ! Des millions d'années auparavant, la question ne s'était même pas posée… D'ailleurs, il n'y avait personne pour poser des questions !
Avec le temps, c'est devenu important. Finies les nuits à la belle étoile ! Terminés les chants des oiseaux nocturnes. Un toit sur la tête. L'homme est devenu parce qu'il s'est mis hors de la nature. Coupé de lui, il pouvait dominer le monde.
A rien. Ca ne sert à rien. On ne domine pas ceux qui l'ignorent, on les abîme. Alors… Dominer le monde… Foutaise !
Mais les hommes ! Ah les hommes ! Véritable alcool que la domination, on commence par le vin, on achève dans l'absinthe! A dominer un monde qui ne réagissait pas à cette injustice, l'homme domina l'homme.
Les deux ont un toit sur la tête. Mais le maître a des ardoises rares quand l'autre se protège sous de la paille et de la tôle ondulée.

(Pendant que la voix continue de parler, l'architecte entre, se baisse, prend une pièce de lego bleue, la regarde sous tous les angles, se baisse en prend une autre, rouge, encastre les deux, s'émerveille de la réussite et pose l'ensemble en avant-scène, au centre. Il recule, fixant la pièce posée au sol e va s'asseoir à même le sol en fond de scène.)

Voix off de l'architecte : - Ne pas y passer la nuit. Les maîtres pouvaient avoir du goût. Un nouveau corps de métier. L'architecte. Brave petit chien qu'on siffle. "Viens, mon petit toutou, approche. Je voudrais un palais tout en verre plus beau que celui de mon ministre. Brave chienchien, allez, va chercher!"
Après, je ne suis pas bien, les maîtres, peut-être, ont voulu taire les envies révolutionnaires de leurs esclaves. "Viens, mon petit toutou, approche, il faudrait une niche pour tes semblables, allez, va chercher, va, attends! Une seule niche, avec plein de petites niches dedans."
Voilà, on est là. Les petites niches ont fait des grandes niches ! Les architectes ont voulu construire pour tous. Les maîtres…les maîtres…les maîtres (la bande sonore de la voix off semble abîmée, l'architecte soupire, se lève, sort, bruit de commutateur. Silence. Il revient, intimidé par la scène. Il s'approche en avant-scène, salue le public. Il est très intimidé. Il ne sait pas quoi faire. Il recule doucement en fond de scène. Il se met à compter par pas les mètres de la scène).

L'architecte : - Un… deux…trois (autant de pas que l'ouverture de la scène) quatre (ou plus ou moins) mètres ! Un… deux…trois…(autant de pas que la profondeur) quatre(ou plus ou moins) mètres ! Cet espace a quatre (ou plus ou moins) mètres d'ouverture et quatre ou plus ou moins) mètres de profondeur ! (Il vient en avant-scène) Quatre (ou plus ou moins) mètres sur quatre (ou plus ou moins), pas mal ! J'en ai connu des plus petits. J'en ai connu des plus grands. L'un dans l'autre, je peux construire… Ah, construire. (Il prend la pièce au sol en avant-scène, la montre au public). Le plus important, le matériau ! Combien j'en ai vu qui tirait des plans magnifiques, trahis par le matériau. Ils n'édifiaient que de vagues cabanes, même un gamin eût mieux réussi. (Il éclate de rire. Il se jette à terre et encastre toutes les pièces les unes sur les autres. Une fois terminée, il regarde son œuvre.). Une colonne ! (Il va la poser en avant-scène, sort, revient avec un dictionnaire, le pose à côté de la colonne, ressort, encore un dictionnaire, le pose sur le premier, ressort, un autre dictionnaire. Il doit y avoir autant de dictionnaires que nécessaires pour former une pile de la hauteur de la colonne de lego. Il pose le dernier dictionnaire, se place derrière). Une colonne de savoir. (Il regarde les tranches de dictionnaires, en choisit un au milieu, le prend en le tirant, ce qui fait verser les dictionnaires sur la colonne de lego qui choit sur le sol. Il s'arrête, regarde le désastre). Le matériau, très important le matériau. (Il cherche dans le dictionnaire). Je me rappelle pourtant avoir écrit quelque chose d'important. (Il tourne les pages de plus en plus vite). Non, il me semblait bien, pourtant. (Il jette le dictionnaire, fouille parmi les autres). Pourtant, je suis sûr…(Soudain, il s'arrête, observe les dictionnaires sur le sol, voit celui qui était en haut de la pile). Bien sûr ! (Il prend le dictionnaire, tourne quelques pages, s'arrête) Ah ! (Il lit). "Il existe de multiples théories. Je ne pense pas être à la hauteur pour en donner la critique. Cependant, il y a une idée générale qui me vient, et que je retrouve à la lecture de chaque nouvelle théorie. Cela ne sert à rien ! Quelle prétention de croire que construire a un sens. L'Univers offre tout. D'une autre part c'est construire qui a créé notre soi-disant progrès. Les voitures : aller de maison en maison et donc les routes, les trains, les rails, les avions, le commerce, la politique et tous ces gadgets simplificateurs et si onéreux : l'électricité, le téléphone, l'informatique. Ce progrès, au fond, n'a pas plus de sens que ma fonction.
Impossible, cependant, de s'en passer. Quel indien perdu sur l'île la plus sauvage du Pacifique, quel esquimau réfugié du blizzard sous son igloo, ne rêve pas d'un palace en Espagne avec tout le confort moderne ?
Voilà".(Il s'arrête de lire, lève son index en appuyant sur chaque mot). "Construire est une foutaise. Il est impossible cependant de faire autre chose que de construire ! "(Il relit une ou deux fois la phrase en marmonnant et éclate de rire). Voilà ! (Il ferme le livre et regarde le public). Alors, que faire ? (Il pose le livre, croise les bras). Que faire ? (Long silence). C'est agaçant. Très agaçant ! Comme si des gens avaient payé pour voir et qu'on ne leur montrait rien. (Long silence). J'imagine qu'il y aurait des esprits forts pour dénoncer la facilité d'une telle attitude. D'autre pour trouver ça long. Les plus faibles aimeraient ça. Les plus faibles aiment toujours ça. On les sortait de leur bidonville pour les parquer dans des bâtisses bétonnant leur pauvreté. Ils trouvaient ça bien. On les sortait de leur banlieue sinistre pour les parquer dans des quartiers d'habitation. On les sortait de ces petites niches pour les renvoyer au point de départ. Les faibles, à tout prendre, trouvaient cela sage. Mais je me laisse aller. (Il croise les bras, face au public, long silence). Très agaçant. (Il hausse les épaules, sort et revient avec un radiocassettes, il ressort et revient avec une pile de cassettes. Il pose l'appareil et la pile de cassettes. Il prend une cassette sur le haut de la pile, la glisse dans l'appareil. C'est la cinquième symphonie de Beethoven. Il écoute tranquillement. Puis, il se met, avec la musique à empiler les dictionnaires. Une fois cela terminé, toujours sur la musique, il refait la colonne de legos. Il la pose appuyée sur la pile de dictionnaires. Quand l'architecture totale est atteinte, il va changer de cassette. Il prend celle qui est en haut de la pile et pose la cassette de Beethoven à côté de la pile de dictionnaires, de l'autre côté de la colonne de legos. Il met la seconde cassette dans l'appareil, c'est My house de Madness. Il se lève et se met à danser de manière ridicule sans sauter. Il s'essouffle à danser, s'arrête, va à l'appareil, sort la cassette, la pose sur la cassette de Beethoven, prend une troisième cassette sur l'autre pile, la place dans l'appareil, écoute un peu celle-ci, l'arrête, la sort, la pose sur la cassette de Madness, prend une autre cassette, même jeu, deux ou trois fois. Il prend une autre cassette, c'est Knock on the wood de David Bowie. Il se relève et se met à danser, en sautant et, toujours, de manière ridicule. Dans un mouvement, il renverse la colonne et la pile de dictionnaires. Il s'arrête, regarde le désastre, va arrêter la cassette, fouille dans la pile de cassettes où se trouvait Beethoven, en prend une, la met dans l'appareil. Fin très rapide d'une des musiques précédemment écoutée puis on entend sa voix sur la cassette : "Les hommes ont perdu tant à se ruiner. Ils couraient comme des fourmis et donnaient eux-mêmes le coup de pied à la fourmilière. Construire et détruire. Une grande tristesse. Les esclaves enfouis sous les décombres des niches pour des maîtres perdus dans leur jeu de maître. L'horreur : vagissements d'un bébé arrêté net t définitivement, grincements de ressorts stoppés brusquement et pour l'éternité sans aucune extase, le lait renversé et personne pour nettoyer . Construire, détruire, construire, …Entêtement stupide et aveugle. Chacune des constructions devient une richesse et les richesses s'empilent. Puis une pièce roule, entraînant une autre et tout s'effondre. Construire et si facilement, si simplement, détruire.
Architecte, panseur de l'humanité, chaque saignée, chaque cratère comblé, rempli, guéri et va… Retourne à la peine, petit ! La mort n'en est que plus belle !" (Il se lève avec colère, éteint l'appareil). Silence! Il ne faut pas ! (Long silence immobile. Doucement, ensuite à quatre pattes, il va réunir tout ce qui est sur le plateau, et en fait un grand tas. Il se couche dessus. Il relève la tête). Je ne suis pas un constructeur de ruines ! Je ne suis pas un constructeur de ruines ! Cela n'est pas possible ! Non ! (Brusquement, il se lève et court pour venir face au public). J'entends bien qu'on peut sans mal condamner ma fonction. J'entends bien que son histoire suit à la trace la folie des hommes. Mais je n'ai jamais secoué ma queue devant un quelconque maître. Construire ! On ignore tant derrière ce mot. Les heures longues et monotones à rêver, à trouver la meilleure harmonie entre le monde et la maison. Même les gratte-ciel cherchaient à vaincre la sinistre farce de l'homme, ange aux pieds dans la fange. Plus haut ne nous exhumait pas de la beauté. Alors, rechercher la vibration de la beauté. Ignorants que sont ceux qui nous moquent. Depuis la table jusqu'à la poussière des chantiers ! Sentir au plus profond de ses entrailles qu'enfin nous sommes un humain, vous entendez : un humain ! Toutes ces heures, ces minutes, ces… crises où découragement cousine fièvre. A chaque instant, funambule sur un fil de plomb à un pas de la ruine. Combien m'ont traité de fou ? Combien observant l'achèvement de ma sueur, de ma fatigue m'ont cherché de poux ? (Il crie, en colère) Je n'ai pas un seul pou, pas un seul parasite se nourrissant sans appétit de ma faiblesse. Je me lave, moi ! A la pierre ponce les doigts emplâtrés de maçonnerie. Jusqu'au sang. (Sa colère s'arrête net. Il se rend compte de sa solitude et de la fatuité de sa colère). Quel con ! Puis il marmonne, et tout en maugréant où les mots qui suivent échappent à un soliloque intérieur, il range en trois tas les legos, les dictionnaires, les cassettes, il ne les empile pas mais érige trois tas bien distincts.) Ignorant !(maugréé) Construire ! (maugréé) Les grèves (maugréé), les conjonctivites (maugréé) du bavardage (maugréé), bande de pipelettes ! (Silence. Il finit en silence les trois tas. Il recule en arrière-scène. La voix de l'architecte enregistrée sur cassette reprend comme si l'appareil se mettait à fonctionner par magie). " Facile de défendre une tâche à laquelle on est asservis pour survivre. Les éboueurs, eux-mêmes, savent rendre honorables les poubelles ! Les croque-morts, les cadavres ! Les porchers, le grésil ! Les gouverneurs, l'hypocrisie ! Mais c'est un mensonge, quelque part, cela est su. Ainsi cache-t-on les cloportes, les larves et scolopendres sous de grosses pierres. Après, on oublie ce qui est caché et puis la pierre devient un repère d'importance et la pierre disparaît dans les champs de pierres. Ce qui était un mensonge devient une vérité et de vérité on saute à la preuve. Chacun oublie, oublie la fondation de la tâche : survivre dans un monde où le travail est l'arme qui nourrit. Tout ce bavardage n'est pas sérieux. Construire rapporte de l'argent. Plus construire étonne, plus il trésorise. Bougre d'andouille ! Que crois-tu ? Que quelqu'un s'inquiète de la valeur de ton œuvre ? Tout au plus, accoucheras-tu de jaloux ! Les autres n'en ont que faire ! Alors, comme cela tu crois que tu es une victime des critiques ? Es-tu sourd ? On s'en fout ! Tu n'auras pas la chance d'être une victime, aucun architecte, aucun n'est un monstre, ni un héros. (la voix se met à rire)Une merde ! Une merde ! Voilà ce que tu es, voilà ce que nous sommes. (La voix chante, moqueuse). Grosse merde, grosse merde, na na na na nère. (Pendant tout le temps de ce texte, l'architecte a d'abord été étonné, puis a couru à l'appareil lecteur de cassettes, a tenté vainement de l'éteindre en appuyant sur le commutateur, a sorti la cassette de l'appareil ; voyant que cela n'arrête pas le texte, il donne des coups de poing à l'appareil, toujours sans succès. Alors, il tape l'appareil sur le sol de plus en plus fort, toujours sans succès. Il sort de scène et revient avec une masse et fracasse l'appareil au moment où la voix entonne la chanson moqueuse. Il regarde l'appareil, étonné, ressort avec la masse, revient avec une pelle et un balai, ramasse les morceaux et les sort. On entend la chute des débris dans une poubelle en fer. Il revient, regarde les tas sur le plateau, prend une brassée de cassettes, sort, à nouveau bruit de chute dans la poubelle, même jeu ensuite pour les dictionnaires, même jeu, enfin, sauf pour une pièce rouge, avec les legos. Quand il revient, il a une télévision, il la pose écran tourné vers le public, il l'allume. Apparaît le film vidéo des maisons les plus cossues de la ville où a lieu le spectacle. Un commentaire se met en route peu après les images, c'est encore la voix de l'architecte.) "Un jour, quelqu'un m'a demandé ce que je voulais construire de mieux dans ma vie, quel était selon moi, le chef d'œuvre que je désirais atteindre. Parce que j'étais un peu saoul, je lui ai fait un rapide historique de l'histoire de l'architecture. C'était un étrange jour, j'étais dans une lumière sarcastique. Tout mon exposé dessinait des maîtres et un peuple. Je ne saurai jamais si je l'ai convaincu, mais le texte était fort et grave et plein de poisons anarchiques. Mon interlocuteur me condamna de communiste. Il voulait m'insulter, mais cela me fit rire. Par cette bonne humeur que sa réaction avait fait naître en moi, je repris le discours et lui montrait combien cet art si fonctionnel avait permis aux hommes de progresser. L'auditeur fut surpris et finalement s'émerveilla de ce qu'il avait si longtemps ignoré et qui, à chaque instant, lui caressait l'œil. L'ivresse, reprenant alors ses droits, je me permis d'arrêter net sa logorrhée par un : "et encore, je suis communiste !" (Les images des maisons continuent de défiler, jusqu'aux maisons de la plus apparente pauvreté : cabanes de bois ou de tôles ondulées, bidonvilles ou favellas. L'architecte éteint brusquement la télévision, et tout aussi précipitamment sort la télévision, à nouveau, bruit de chute dans la poubelle. Il revient, se place en avant-scène et chantonne) :

" Il était un petit homme,
Pirouette, cacahuète,
Il était un petit homme
Avec une drôle de maison,
Avec une drôle de maison.

Sa maison est en carton,
Pirouette, cacahuète,
Sa maison est en carton,
Ses escaliers sont en papier
Ses escaliers sont en papier.

Le facteur y est monté,
Pirouette, cacahuète,
Le facteur y est monté
Et s'est cassé le bout du nez
Et s'est cassé le bout du nez.

On le lui a raccommodé,
Pirouette, cacahuète,
On le lui a raccommodé
Avec du joli fil doré
Avec du joli fil doré. "


(Dans son dos, le rideau tombe, et apparaît un écran de cinéma dont le bord inférieur devrait être au niveau du sommet du crâne de l'architecte, éclairé en douche. Sur l'écran apparaît l'architecte, assis à une table, comme un présentateur de journal. L'architecte sur l'écran se met à entonner le premier couplet de la chansonnette précédente, puis il enchaîne : "Il m'a fallu du temps pour accepter de jouer un tel rôle. C'est le fruit du hasard en fait. Je ne voudrais pas laisser croire que très jeune j'ai eu envie de faire cela. J'étais comme tous les enfants, j'ai tout à tout voulu être pilote de formule 1, pompier, vétérinaire, et puis… voilà. Naturellement, quand je regarde tout mon parcours, je suis surpris par les tournants qui ont rendu bien sinueuse ma destinée. (Il se roule une cigarette, l'allume, regarde la fumée s'envoler). Tiens, quand j'étais petit, je trouvais criminel le fait de fumer ! Et puis, j'ai vieilli. J'ai vieilli. (Petit silence, l'architecte se met à rêver). Pourtant il y a quelque chose dont je ne me suis jamais détourné : construire le bonheur des hommes. Utopie, hein ? Mais, permettez-moi ce doux travers. Que servirait de construire si je ne suais pas après une telle chimère ?" L'architecte de l'écran se tait, en fumant et regarde vers le bas de ce qui doit correspondre à l'emplacement de l'architecte sur la scène. L'écran diminue, si cela est possible, de clarté tandis que l'éclairage sur la scène s'intensifie).


L'architecte sur scène : (Il ramasse la pièce de lego, la serre dans son poing. Voix blanche)

- Construire le bonheur des hommes,
Poser un caillou, sur un caillou, su un caillou,
Et voir les murs grandir pour abriter leur amour,
Les rires des enfants, les silences pleins de bon sens
Les extases des jeunes à la découverte de la vie
Et celles des vieillards qui défient leur os.

Construire le bonheur des hommes,
Poser un caillou sur un caillou, sur un caillou,
Et voir les murs grandir, séparer les voisins,
Où l'étranger effraie quand on ne le voit plus
Où la peur s'invite et la haine et la guerre
Barbeler les murs, y détruire le rêve
Celui des enfants, des amants, des vieillards.

Construire le bonheur des hommes,
Poser un caillou, sur un caillou, sur un caillou,
Et voir le mur grandir plus vite que le bonheur
Se sentir si seul de ne pas pouvoir,
Si triste d'être coupable alors qu'on voulait offrir
Mais rêver encore, rêver toujours, espérer enfin,
Et poser un caillou, sur un caillou, sur un caillou,
Sur un caillou.

(Silence, l'écran s'éteint)

L'architecte sur scène : (Chantonnant tout doucement au fur et à mesure que la lumière décroît) :

" Il était un petit homme,
Pirouette, cacahuète,
Il était un petit homme
Avec une drôle de maison,
Avec une drôle de maison.

(Il pose la pièce de lego sur la scène, à ses pieds)

Sa maison est en carton,
Pirouette, cacahuète,
Sa maison est en carton,
Ses escaliers (Noir) sont en papier
Ses escaliers sont en papier."



FIN

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